L’air est une ressource essentielle à la vie.
Mais bien au-delà, il est aussi un produit commercial, largement utilisé dans l’agroalimentaire. Le saviez-vous ?
Et si l’air permettait de recycler ? De diminuer le bruit des villes ? De mieux conserver vos aliments ? Incroyable n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est déjà une réalité.
L’air, gaz composé majoritairement de diazote (78,1%) et de dioxygène (21%), est une ressource inépuisable. Les molécules qui le composent sont aujourd’hui utilisées pour des applications très différentes, allant d’atmosphères modifiées au recyclage de déchets. Les gaz les plus utilisés aujourd’hui sont le diazote et le dioxygène, ainsi que le dioxyde de carbone, présent à hauteur de 0,04% dans l’air.
Mais alors, comment l’air permet-il de faire autant de choses ?
Depuis toujours, la conservation des aliments est apparue comme une nécessité. Les méthodes les plus anciennes remontent à l’Antiquité, où l’on fumait et salait les viandes ; pour les yaourts et le vin, des levures étaient utilisées pour fermenter les aliments. Les techniques de conservation se perfectionnent ensuite avec l’introduction de l’appertisation, et plus tard, la réfrigération des aliments. Aujourd’hui, il existe des méthodes utilisant des réactions ionisantes ou des additifs, qui fonctionnent sur le même principe que le sel, mais sur une plus large gamme de températures.
Mais la grande révolution du XXème siècle dans les procédés de conservation réside sans doute dans le développement des MAP (Modified Atmosphere Packaging ou, en français, Mise sous Atmosphère Protectrice).
Cette méthode consiste à remplacer l’air environnant le produit dans l’emballage par d’autres gaz, lui assurant ainsi une meilleure conservation. En effet, certains gaz de l’air influencent le développement des micro-organismes dans le produit. L’oxygène par exemple, est nécessaire au développement de certains organismes pathogènes ou de flores d’altération, responsables de la détérioration de l’aliment. En diminuant la teneur en oxygène dans l’emballage, on peut ainsi multiplier par deux la durée de conservation d’une viande rouge, par trois celle d’une volaille.
La MAP présente également un autre avantage : les consommateurs sont en effet de plus en plus méfiants vis-à-vis des additifs alimentaires se trouvant dans certains produits. L’utilisation des gaz de l’air, inoffensifs, pour prolonger la conservation des aliments rebute moins le consommateur. De plus, le produit protégé subit la modification, non pas directement, mais par l’intermédiaire de l’atmosphère qui l’entoure.
La MAP pourraient bien avoir un rôle à jouer dans deux défis majeurs de l’agroalimentaire : la sécurité et le gaspillage.
D’abord, la sécurité : chaque année en France sont recensés de nombreux cas d’intoxication alimentaire, parfois fatals. En cause, la mauvaise conservation des aliments, notamment suite à un emballage abîmé occasionnant la fuite de l’atmosphère modifiée. Une piste d’amélioration pourrait être ainsi l’ajout d’une pastille, intégrée à l’emballage, chargée de contrôler l’atmosphère du produit, et qui changerait de couleur selon l’état de celle-ci. Le consommateur serait ainsi averti si l’aliment qu’il s’apprête à consommer présente un risque d’intoxication. De telles pastilles existent déjà pour contrôler le respect de la chaîne du froid.
Mais les MAP pourraient également réduire le gaspillage alimentaire, qui nourrit des inquiétudes économiques et environnementales grandissantes. Ces pertes surviennent à différentes étapes de la chaîne de production : entre le tri opéré par le producteur, le transport chaotique des aliments jusqu’aux sites de distribution, ou encore la mauvaise gestion du consommateur, c’est près d’un tiers des aliments produits qui ne sont jamais consommés.
Plusieurs idées innovantes pourraient répondre à ce problème : les promotions appliquées aux fruits « moches » ont par exemple rencontré un franc succès. Mais, une autre solution pourrait également être un système de « MAP à domicile » : l’idée serait alors de concevoir un appareil qui permette de conserver ses aliments sous atmosphère modifiée, et de ne les sortir qu’au moment de les consommer.
La MAP, déjà largement répandue, pourrait donc bien ne pas avoir encore exploité tout son incroyable potentiel.
Le détail de mise en oeuvre de la MAP (Modified Air Packaging ou Mise sous Atmosphère Protectrice) qui vient d’être présenté met l’accent sur l’aspect productif que revêtent les PME (Petites Molécules Essentielles) dans le conditionnement des produits agroalimentaires. Cependant la grande force de ces molécules réside aussi dans leur propension à pouvoir gérer les déchets générés à la sortie d’usines.
Le cas concret que nous avons observé est l’usine CSR située à La Rouge près du Theil dans l’Orne. Cette usine a une production annuelle d’environ 25 millions de litres de jus de pomme dont une large partie de cidre. Entre la matière première sous forme de pomme et le produit fini, l’usine a besoin d’eau pour fonctionner. Elle la prélève donc dans la rivière avoisinante avant de la rejeter dans ce même milieu naturel en sortie d’usine, non sans l’avoir préalablement traitée.
C’est précisément à ce stade que les PME jouent un rôle essentiel. Les eaux usées sont chargées en phosphore à cause du processus de production, l’entreprise est donc légalement obligée de traiter ces déchets avant de les rejeter dans le milieu naturel. Le phosphore possède en effet un fort caractère oxophile (forte affinité avec l’oxygène) qui en fait donc un polluant majeur : s’il est rejeté dans le milieu, il capte le dioxygène de l’environnement et prive donc d’autant d’éléments la flore environnante.
Plus exactement, le phosphore fait partie des nutriments dont certaines plantes aquatiques se nourrissent pour croître, tout en consommant le dioxygène contenu dans l’eau, au détriment du reste de la faune et de la flore environnante : il s’agit du phénomène d’eutrophisation. Le même phénomène est observé dans les élevages porcins dont le lisier est fortement chargé en phosphore et parfois rejeté dans le milieu sans traitement préalable. Les plans d’eau statique verdissent, et on constate parfois (notamment en Bretagne où l’élevage porcin est conséquent) un verdissement des rivières, voire mêmes des marées d’algues vertes.
Aussi, il est extrêmement judicieux et avantageux pour une telle usine de posséder sur son site de production une unité de stockage de dioxygène liquide.
Comme le montre le schéma ci-dessus, l’effluent (l’eau usagée) passe, après décantation, dans des bassins munis de dispositifs d’aération (turbines…). Les matières organiques dissoutes sont alors dégradées par des micro-organismes naturellement présents dans l’effluent. A l’issue de cette étape, on distingue les boues primaires des boues secondaires : les premières sont directement traitées alors que les secondes passent avant traitement par des bassins d’aération, aussi dits “bassins biologiques”. Le dioxygène pur stocké y est directement injecté, ce qui permet d’éliminer le reste des éléments nuisibles à la biodiversité en amont du point de rejet dans la nature.
Ce processus a lieu dans des bassins de stockage isolés, l’injection a lieu sous l’eau ce qui permet de brasser et traiter efficacement l’ensemble du volume du bassin.
Cette méthode a aussi l’avantage de réduire le bruit et la pollution sonore, défi majeur de nos villes du futur. Ce qui a donné à certains une idée …
VRoum VRRoum VRRRouuuum !!! Un bruit assourdissant vous réveille !! Alors que ce bruit s’éloigne vous essayez de rassembler vos pensées. Malgré vos yeux alourdis et vos membres engourdis vous tournez péniblement la tête vers votre réveil… Pour réaliser qu’il n’est que 5h30… Pas du tout l’heure de se lever ni d’aller travailler ça non, mais bien l’heure de la livraison de produits frais pour l’épicerie située deux étages en dessous du votre.
Si cette situation vous semble familière, c’est normal : vous appartenez aux 54% des français qui, gênés par le bruit, citent les transports comme première cause de désagrément. En cause : les camions qui transportent les produits frais et qui sont de véritables réfrigérateurs ambulants. La majorité des camions est en effet équipée d’un système de réfrigération dit “mécanique” composé de 4 éléments: un compresseur, un condenseur, un détendeur et un évaporateur, le système fonctionne conformément au schéma ci-contre.
Ce système possède de nombreux avantages, cependant, il est par nature très bruyant ; nous avons tous chez nous un réfrigérateur, et il suffit de tendre l’oreille pour entendre son ronronnement. Mais il faut comprendre que le volume à réfrigérer dans camion de réfrigération, 100 fois supérieur à celui d’un réfrigérateur, engendre un bruit autrement plus assourdissant.
Face à ce problème de société, une innovation développée par Air Liquide a vu le jour avec la promesse de réduire le nombre de décibels dans nos rues : le camion blueeze (photo). Il appartient à la catégorie des transports cryogéniques qui utilisent l’azote liquide, source de froid non seulement plus efficace mais également plus naturelle puisqu’elle est extraite de l’air.
Par quel bruit préférez-vous être réveillé?
OU
Si la plupart des gens préfèrent le second, le transport cryogénique est encore loin d’être majoritaire, notamment parce qu’il est encore plus cher que son concurrent.
Pour que cette innovation puisse avoir l’impact qu’elle mérite, il est donc nécessaire que les industriels sautent le pas et investissent pour le bien-être de nos villes.
\nAlors, étonné par toutes ces applications de l’air ? Désormais, vous ne verrez plus jamais ni votre paquet de viande ni le camion de livraison de la même façon...